La forêt est une forêt très spéciale, quasi unique en son genre en Occitanie, venue tout droit de l'ère glaciaire ! Elle abrite 900 espèces de champignons et comporte un cours d’eau, la Sabine. Située à seulement 300 mètres d’altitude, la forêt royale de Sainte-Croix-Volvestre est une épaisse forêt de sapins de 104 ha. D’autres espèces cohabitent sur le pourtour de la forêt, notamment des pins, plantés artificiellement ainsi que quelques bois plus jeunes gagnés sur les anciennes pâtures. Mais le cœur de la forêt, fait de sapins, est une relique des dernières glaciations et a de tout temps intrigué les botanistes par sa faible altitude.
Au XIIIe siècle, la forêt appartient au monastère féminin de Sainte-Croix, affilié à l’ordre de Fontevrault. Elle fut également le refuge des gentilshommes verriers protestants. À la Révolution, les 174 ha du massif deviennent un bien national. Le nom de « forêt royale » date de la Restauration (1814-1830). En 1856, sous le Second Empire, la forêt est vendue en totalité à des particuliers. Mais les habitants de la commune y conservent des droits d’usage importants. Pour les limiter, les nouveaux propriétaires choisissent de « cantonner » ces droits d’usage : ils donnent une partie de la forêt à la commune (98 ha, dont 17 ha de pâtures) contre l’abandon des droits sur le restant de la forêt privée. Finalement, la commune revend cette forêt à l’État en 1970. Elle devient la forêt domaniale actuelle. Acquisitions et échanges récents ont porté sa surface à près de 104 ha, incluant 40 ha de sapinière emblématique.
Une sapinière à 350 mètres d’altitude... Cela intrigue les forestiers depuis longtemps ! Les sapinières sont généralement installées en montagne. Celle de Sainte-Croix-Volvestre est située dans le piémont, à basse altitude. Est-elle naturelle ou a-t-elle été plantée ? Les sources historiques les plus anciennes datent du Moyen-âge. Elles attestent de la donation de la forêt au prieuré de Sainte-Croix en 1263, mais aucune information n’y est donnée sur la présence de sapin. Il faut attendre le XVIIe siècle, et la mise en route par Colbert de la « Réformation des Forêts » (inventaire des forêts du Roi et des forêts seigneuriales), pour qu’une visite et un arpentage soient réalisés. On apprend alors qu’il y a 85 ha de sapins, jeunes mais de belle tenue. Dès 1667, elle impressionna l’intendant des forêts de Louis XIV, par la beauté et la hauteur de ses futaies et on utilisa la forêt pour élaborer les mâts de la flotte royale (d’où son nom de forêt… royale). Cette belle vitalité à l’âge classique plaide en faveur d’une origine naturelle du sapin, mais aucune archive historique n’a permis de le confirmer.
Ce sont les recherches paléo-environnementales récentes (études des pollens et charbons fossiles) qui ont permis d’aller plus loin. On sait maintenant que le sapin était probablement présent dans les pré-Pyrénées en peuplements étendus dès 4000 ans avant J.C. En fait, le sapin de Sainte-Croix a connu la même histoire que dans toute la moitié est des Pyrénées : répandu autrefois partout, il a reculé à partir de la colonisation agro-pastorale de la montagne. Le hêtre et le chêne l’ont progressivement remplacé, en particulier au Moyen-Âge. Il n’a survécu en certains lieux que dans la mesure où des protections ont été mises en place.
Depuis quelques années, les sapins de la forêt royale montrent des signes de dépérissement. Ils présentent depuis plusieurs années des signes de faiblesse : perte d’aiguilles, branches mortes, gui, dûs au réchauffement climatique. Mais, si les sapins de Sainte-Croix sont marqués par les épisodes climatiques passés (sécheresse, canicule), ils ne sont pas pour autant en train de mourir : ils réagissent pour se refaire une santé, comme le montre la présence de “gourmands” sur les branches.
Une zone de 4 ha au cœur de la forêt a été classée en « îlot de vieillissement » par l’ONF. Dans cet îlot, l’aménagement (ou plan de gestion) ne prévoit aucune coupe pendant 20 ans (2012-2031). Les arbres morts sont délibérément laissés sur pied ou au sol pour être progressivement dégradés par les insectes, champignons et bactéries saproxyliques (spécialisés dans la consommation du bois mort). Un sentier a été aménagé autour de cette zone cœur, pour découvrir les richesses de la forêt domaniale.
Il existe 4 sentiers de découverte très bien tracés et très bien entretenus, qui seront utilisés lors de cet événement. La forêt reste très belle, très diversifiée, et nous sommes heureux de contribuer à sa connaissance : le public local la connaît très peu !
Les rêves de l'association :
- remettre en valeur cette forêt très accessible depuis la route pour un parcours botanique ou forestier installé de manière pérenne (panneaux en bois). Cela pourrait être une belle entrée en matière pédagogique pour adultes et enfants.
- l'utiliser à nouveau de manière douce et événementielle, pour des expériences en forêt la nuit avec des petits groupes. Lors d’un sondage, le public avait en effet émis le souhait d’animations nocturnes et immersives.