La forêt est principalement composée de châtaigniers (beaucoup d'anciens avec une belle présence), de pins landais et de chênes verts. Le verger de châtaigniers est en cours de réhabilitation pour partie. En sous-bois de nombreuses fougères tapissent le sol. Le terrain est bordé à l'ouest par un cours d'eau nommé le Rourbel et en contre-bas par la rivière Surre, affluent du Chassezac. Nous possédons au bord de la rivière une ruine de moulin au bord surplombé par un ancien pont en voûte, rendant le lieux littéralement enchanté. Une biodiversité intacte réside encore ici avec notamment la présence de libellules, salamandres, lézards verts... mais aussi beaucoup de sangliers la nuit! des renards, martres, chevreuils, blaireaux ... parfois des écrevisses peuvent encore être vues dans la rivière. Beaucoup de flore comestible par ailleurs (nombrils de vénus, plantain, pimprenelle, lampsane, cerfeuil des bois, achillée millefeuille, etc). En automne, des champignons et des châtaignes bien sûr.
Cette forêt fût exploitée au XVIIIe et XIXe siècle. Elle n'était alors pas à l'état de forêt. C'est l'exode rural qui à partir de la révolution industrielle a poussé à l'abandon ces espaces anciennement et intégralement cultivés, où la forêt a repris sa place. Diverses exploitations existaient alors: la châtaigne, source importante d’alimentation alors que les populations étaient très pauvres, mais également, tout ce qui servait au nourrissement des populations locales assurant ainsi l’autonomie de celles-ci sur leur lieu de vie. Des essences fourragères pour les animaux étaient par ailleurs assurées. En effet, le pâturage avait aussi sa place et participait à l'entretien de la forêt. Sur ce territoire de montagne, la pente a été apprivoisée par l’homme qui a tout endroit a façonné le paysage par la création de “faïsses” ou terasses, permettant la culture en pente. Cela caractérise extraordinairement le paysage ardéchois, où la trace de l’homme et des anciens est visible à tout endroit à travers la présence incontournable de quantités de murs en pierre sèche, témoignage de l’ouvrage des hommes passés, qui ont travaillé cette terre.
La forêt a été abandonnée durant au moins 70 ans. Aussi, beaucoup de bois morts en cours de décomposition sont présents, ce qui favorise le développement de microbiotes et d'oiseaux. La forêt, pour partie, présente un aspect sauvage que nous affectionnons, avec une végétation exubérante durant l’été. En revanche, une petite partie de la châtaigneraie est en cours de réhabilitation par nos soins avec l’aide du Parc naturel des Monts d'Ardèche, où l’action de l'homme est directement visible. Les pins landais initialement introduits pour réaliser des poutres dans les mines avoisinantes, ont pour une bonne part colonisé l’espace montagnard. Aujourd’hui, cela peut présenter un déséquilibre, dans la mesure où leur croissance est beaucoup plus rapide que les autres essences, ils ont donc tendance à les étouffer et à acidifier les sols. On retrouve ainsi facilement la trace de drames silencieux quasi Shakespeariens qui se jouent, où le châtaignier est étouffé et figé sur place, quasi momifié. Cela nuit également à la biodiversité générale.
La zone est également très touristique et les sports dits de trail avec quads et motocross sèment le chaos à leur passage auprès de tous les êtres peuplant la forêt.
Que cette forêt soit préservée et que les arbres anciens y soient respectés. Cette forêt présente une dimension naturellement mystique. Il nous importe de véritablement changer de paradigme et de considérer l’arbre comme un être à part entière. Aujourd’hui, la tendance reste de considérer l’arbre comme quantité négligeable et donc de le couper sans le moindre état d’âme. Ce n’est pas notre approche et nous tentons de couper avec le plus de parcimonie possible.
Notre rêve est d'y développer une sensibilisation au vivant dans son ensemble et de sensibiliser sur les services rendus par l’arbre dans un contexte de réchauffement climatique, par une approche sensible: d'abord par la création de chemin initiatiques et itinérants qui retracent d'une part l'histoire paysagère du lieu, en lien avec la châtaigne, mais également autour de la lauze de schiste, très présente. D'autres part, ponctuer les cheminements par des œuvres de land-art ou des œuvres artistiques plus pérennes, mais intégrées au paysage. La lecture paysagère et un interventionnisme minimal, qui si possible dérange le moins possible la faune et la flore sauvages sont prépondérants dans notre approche. Valoriser la dimension paysagère, de ce qu’elle nous dit de l’histoire des hommes… A terme, nous souhaiterions y créer une réserve sauvage.