Son passé
* Cette magnifique hêtraie s’étendant sur deux communes, Landéan et Laignelet, n’a pas toujours été une
forêt. Les traces de vie de la préhistoire au haut Moyen-Âge, cachées sous le couvert boisé, confirment cette
découverte. Des enclos, retranchements et même un village, ont existé sur le territoire qu’occupe maintenant
la forêt de Fougères (Ille-et-Vilaine). La forêt de Fougères abrite de nombreux sites et vestiges historiques
avec la présence de menhirs, de dolmens (le Cordon des Druides, La Pierre Courcoulée, la Pierre du
trésor...).
Il y a également l’oppidum du poulailler qui date du temps des gaulois, la voie romaine, les celliers.
La transformation de cette zone de landes et bois éparses en zone forestière daterait du XIe siècle. Cette
forêt sera façonnée par les seigneurs de Fougères et devient une réserve de chasse, de bois d’œuvre et de
combustible. Y vivent également de nombreux ermites. Ceux-ci seront écartés des bois par Raoul II, pour ne
plus gêner les chasses. C’est dans ce but que seront construits le couvent de Saint-François et l’abbaye de
Savigny, les celliers de Landéan sont également des vestiges de cette époque. C’est une ancienne forêt
ducale devenue royale après le rattachement de la Bretagne à la France en 1532 (Edit d’union de la
Bretagne à la France). Jusqu’à la fin du 18è siècle, elle fut connue sous le nom de forêt rousse.
Les ermites sont parmi les premiers résidants de la forêt mais, en parallèle, le bois est une manne
providentielle et attire son lot de besogneux. C’est ainsi que les bûcherons, charbonniers, sabotiers et autres
verriers (une verrerie est attestée au XVIIe siècle) prennent possession des lieux et y resteront jusqu’au XXe
siècle. C’est également grâce à ces travailleurs que la forêt deviendra hêtraie, le hêtre étant plus facile à
travailler. La forêt abritera également, au fil des temps, toute sorte de brigands, détrousseurs, fugitifs et
réfractaires de tous bords, notamment lors de la chouannerie.
Victor Hugo raconte aussi dans un de ces romans que des combats entre les chouans et les révolutionnaires
se sont passés à l’entrée de la forêt.
La forêt existait avec une route antique : le chemin Mellouen, sur laquelle viendront s’ajouter des portions de
voies attribuées aux Romains. Cette route sera, pendant plusieurs siècles, l’unique voie traversant la forêt
jusqu’à construction de la route royale (route actuelle) au XVIIIe siècle, avant la révolution. Le réseau
secondaire, composé de routes forestières et de carrefours en étoile, date également du même siècle sous la
contre-révolution. Cette configuration permettait de cerner des parcelles, facilitant ainsi les battues pour la
traque des Chouans.
Pendant la deuxième guerre mondiale des combats ont aussi eu lieu dans la forêt. Les monuments qui
restent dans la forêt nous permettent de nous rappeler de cette histoire.
Dans le pays de Fougères, le hêtre était particulièrement recherché pour la fabrication des sabots mais aussi
pour fournir un bois qui chauffe bien pour la verrerie qui était avant à Laignelet.
Il y a eu beaucoup d’arbres tombés ou cassés lors de la tempête du 26 décembre 1999. Ces chablis ont
concerné environ 20% de la forêt et l’équivalent de 10 ans de récolte de bois. L’ONF a alors décidé de
replanter des arbres sur ces parcelles. On a alors préféré planter du chêne car avec le réchauffement
climatique, le hêtre aura de moins en moins d’eau l’été. Le chêne lui est plus résistant.
Depuis les années 1970, la forêt a été aménagée pour accueillir le public : aires de pique-nique, plusieurs
sentiers de randonnée dont le GR 34, la piste de VTT, celle d’équitation, sans oublier les gîtes, le centre
hippique ainsi que la plage aménagée devant l’étang de Chênedet, propriété de Fougères Agglomération.
La forêt de Fougères est un livre d’histoire à elle seule, elle est indissociable de l’histoire du pays. Elle est à
préserver car, hormis après les tempêtes, elle n’a pas subi de mortifications de son sol. Elle réserve encore
bien des secrets que le futur nous révélera certainement.
Son présent
La forêt est gérée en futaie régulière depuis le XVIII siècle. C’est une forêt régénérée naturellement ou plantée qui a pour objectif de produire de grands arbres au fut élevé et droit. Les hêtres peuvent atteindre 35 m de haut.
La forêt domaniale est globalement en bonne santé mais reste très sensible aux épisodes de sécheresses, canicules. La forte présence de hêtre, sensible au changement climatique est à prendre en compte dans la gestion future de la forêt.
Le nouvel aménagement (plan de gestion de la forêt pour 2022-2041) prévoit, pour adapter la forêt aux changements climatiques, d’augmenter la diversité des essences et des modes de gestions. Par exemple le quart nord-ouest de la forêt sera géré en futaie à couvert continu.
Son futur
Evoquer le mot « forêt » déclenche un riche imaginaire. Notre forêt bretonne n’est pas en reste avec son « Cordon des druides », sa « Pierre Courcoulée », sa « Pierre du trésor » et son oppidum du poulailler ». Bien entendu, les korrigans sont nombreux à habiter les lieux.
Nous profiterons des nuits des forêts pour demander aux participants leurs rêves pour cette forêt et construire ensemble un nouveau récit, de nouvelles légendes, un rêve collectif pour ce haut lieu. Un temps dans les différentes animations sera consacré à cette récolte de l’imaginaire collectif. Faire connaitre la forêt pour permettre à nos enfants de l’apprécier et aux adultes de la protéger
