Au Grand Palais : Honorer la forêt, célébrer le bois

Honorer la forêt, célébrer le bois
À l’occasion du Forum International Bois Construction 2025, les Nuits des Forêts ont été invitées à habiter le Grand Palais en imaginant une programmation artistique inédite.
Sous cette immense nef de verre et d’acier, le Forum s’annonçait déjà comme “la nouvelle exposition universelle du bois et des biosourcés”. Notre première intention est alors allée vers la forêt : comment évoquer ces arbres, cette nature qui précède nos besoins et nous rappelle tant de souvenirs ? Comment honorer ces êtres vivants qui, en miroir de ce Grand Palais, nous inspirent autant la grandeur que l’humilité ? Comment célébrer cette forêt originelle en même temps que les savoir-faire humains qui transforment cette fascinante matière, le bois, depuis des millénaires ?
En dialogue avec l’architecture unique du lieu, Constance Fulda et Solène Ortoli ont présenté deux œuvres délicates et poétiques. Deux invitations à rendre hommage, même un court instant, aux cycles et rythmes du vivant.
La programmation artistique des Nuits des Forêts au Grand Palais a été rendue possible grâce au soutien du Forum International Bois Construction et de REI Habitat, que nous remercions chaleureusement.

d’une forêt l’autre, Constance Fulda (2021)
Peintre et plasticienne formée à Penninghen et Camondo, exposée en France (Orangerie du Sénat, Muséum National d’Histoire Naturelle…) et à l’international (Tokyo, Inde…), Constance Fulda se passionne pour les empreintes d’arbres à travers des œuvres monumentales réalisées sur papier japonais, captant chaque nervure, cicatrice et trace du temps.
Au Grand Palais, à l’occasion du Forum International Bois Construction, Constance Fulda a exposé six œuvres-empreintes issues d’une forêt l’autre, une ode à la transformation d’un patrimoine forestier en patrimoine culturel.
Après l’incendie de Notre-Dame de Paris, une mobilisation exceptionnelle de la part des forestiers a permis de sélectionner plus de 2 000 chênes issus des forêts françaises pour reconstruire sa charpente. Avec d’une forêt l’autre, Constance Fulda immortalise ce moment unique et la mémoire de ces chênes centenaires, dans une œuvre aussi puissante que délicate.
Cette œuvre a pu être réalisée grâce à la mobilisation des propriétaires et gestionnaires de forêts publiques et privées. Les six empreintes exposées au Grand Palais étaient celles des chênes des forêts publiques de Bercé (72), de Tronçais (03) et de Ferrières (77) ; et des forêts privées de Montpoupon (37), de Vibraye (72) et de Grand’Fosse (51).
« Il a fallu choisir ceux qui prendraient place dans ce qu’on a appelé “la forêt de Notre-Dame”. Dans les forêts françaises l’élan de générosité a permis de choisir les chênes jugés aptes à tenir le rôle qui avait été celui de leurs prédécesseurs pendant huit cents ans. J’ai voulu rendre hommage à ces chênes majestueux qui deviendront invisibles une fois intégrés dans la charpente. Je suis donc allée de forêt en forêt, entre le moment de l’abattage en mars 2021 et celui du débardage en juin pour en prendre l’empreinte sur toute la longueur de la grume. »
– Constance Fulda

Un temps de pose long, Solène Ortoli (2025)
Réalisation du film : Robin Frolet
Formée à la scénographie à l’Ecole nationale supérieure des Arts Décoratifs de Paris, Solène Ortoli conçoit des installations qui naviguent entre dispositif artistique, scénographie et parfois création de jardin. Proche des territoires et désireuse de les mettre en valeur, elle travaille main dans la main avec des artisans et constructeurs implantés dans les régions où elle intervient.
À l’occasion du Forum International Bois Construction, elle propose une installation originale qui immerge en forêt autant qu’elle raconte l’acte de transformer, en mettant en scène la technique du déroulage du bois, en collaboration avec l’Usine Drouin.
Le déroulage est une technique industrielle qui permet de transformer le bois en fines bandes destinées à la fabrication du contreplaqué et d’autres panneaux. La grume, ici de peuplier, est d’abord chauffée et humidifiée, puis déroulée en bandes continues qui, une fois coupées et séchées, sont superposées et collées en panneaux.
Associée à un film réalisé par Robin Frolet à l’Usine Drouin, l’œuvre de Solène Ortoli suspend le temps pour rendre visible cet état fragile du bois en transformation. Une scénographie qui invite à la pause forestière et rappelle les cycles des matières vivantes, dans cette alcôve où se croisent la terre fertile, la chute des feuilles d’automne et l’immobilité mouvante de cette table de bois, encore humide.
Une œuvre réalisée en collaboration avec l’Usine Drouin et grâce au soutien de Transparences Paris. Les matériaux ont été en partie récupérés auprès des recycleries ou sociétés : Atelier ReMake, Placage André, Bellême Bois, Service de l’arbre et des bois de Vincennes. Merci également à Pauline Ortoli, Kathleen Vignaud, Catherine Delion et André Carsenat pour leur aide précieuse.
« Dans cette scénographie, qui joue avec les détails architecturaux déjà présents sur place, un élément de mobilier en bois semble se construire, ou se déconstruire.
Une part est fonctionnelle, et l’autre nous relie au sol et à la terre, au tronc d’où sa matière provient. Peut-être que cet élément de mobilier est un pont.
Non loin, comme une fenêtre ouverte sur l’industrie du bois, une captation vidéo réalisée par Robin Frolet nous présente une machine nommée « La dérouleuse ». Aux alentours, les dernières feuilles de l’automne tombent et certains oiseaux rares se font entendre. »
– Solène Ortoli
