La Forêt et l’Eau, architectes paysagers et réservoirs de biodiversité

– Observer l’eau façonner les milieux et irriguer les espèces forestières –
L’eau est la base de toute vie sur terre, elle est liée à la forêt par une relation aussi essentielle que symbiotique. L’eau constitue la ressource vitale qui permet aux arbres de croître, de se développer, de se reproduire, et permet l’activité de photosynthèse, renforçant ainsi la capacité des forêts à séquestrer le carbone. Dans la forêt, l’eau nourrit les racines et modèle les paysages, et chaque arbre l’abrite, la capte, la filtre et la redistribue dans les sols et les rivières.
En 2025, les Nuits des Forêts honorent ces interactions à travers une campagne de sensibilisation et vous proposent de découvrir cette thématique au travers de 4 chapitres.
L’eau façonne les 1001 visages de nos forêts
Partout où l’eau s’attarde, la forêt, en silence, lui répond et prend forme. Ainsi, selon son humeur, l’eau dessine des paysages forestiers uniques. Elle est bien plus qu’un simple élément : elle est une artiste, une architecte du vivant.
C’est de cette fusion que naissent les zones humides forestières. Elles ont la capacité de filtrer et purifier l’eau et constituent des réserves de biodiversité exceptionnelle.Les racines des arbres connectent directement avec l’eau, les oiseaux y nichent, les insectes y dansent… C’est un équilibre fragile, à la fois vital et résilient.
Les zones humides, y compris les forêts humides, ne représentent qu’environ 6 % de la surface terrestre, mais abritent près de 40 % des espèces animales et végétales. Mangroves, tourbières, mares, marais… Explorons ensemble quelques exemples de forêts nées de l’alliance intime entre l’eau et les arbres.
La ripisylve, la forêt qui marche le long de la rivière
La ripisylve (du latin ripa, rive) est une formation végétale qui borde les rivières, ruisseaux et fleuves. À la fois zones tampons, corridors écologiques et régulateurs hydrologiques, elle joue un rôle fondamental dans les écosystèmes aquatiques et terrestres.
La forêt “ripisylve” représente la base de la chaîne alimentaire de la rivière grâce à ses sels minéraux, à son bois et à ses feuilles mortes terminant leur voyage dans le cours d’eau.
En France, on estime à 500 000 hectares la surface couverte par des ripisylves. C’est à peu près la taille d’un département français moyen, comme le Loiret ou le Cantal.
Quand les rivières débordent, apparaissent les forêts alluviales
Les forêts alluviales poussent sur les berges inondables des rivières et fleuves. D’ailleurs, alluviale vient de alluvion, ces sédiments déposés par les crues.
Ce type de forêt abritent des essences d’arbres adaptées aux inondations comme le peuplier noir, le frêne ou le saule blanc. Certaines espèces ne vivent que dans les forêts alluviales : le pic mar, martin-pêcheur, le castor d’Europe…
Ces forêts sont ainsi souvent classées en zones Nature 2000 en raison de leur rôle fertile et protecteur pour la biodiversité aquatique et terrestre. En France, on les trouve principalement dans les grandes vallées fluviales : Loire, Rhône, Garonne, Rhin…
Une étude menée dans la région Rhône-Alpes a révélé qu’une lône, un bras mort de fleuve, de 30 hectares pouvait abriter 242 espèces animales et végétales.
Sur le littoral, coquillages et mangroves
Les mangroves ou forêts littorales sont comme des sentinelles qui veillent à préserver l’équilibre terre-mer.
Ces forêts s’installent le long d’une zone côtière, où des arbres et arbustes sont adaptés à l’eau salée. Les mangroves se trouvent principalement dans les zones tropicales et subtropicales. En France, les forêts littorales protègent nos côtes Atlantique et Méditerranéenne.
Elles ont la capacité de réduire l’érosion côtière en stabilisant le sol, elles piègent les polluants venant de la terre, elles servent de « nurserie » pour de nombreuses espèces marines et constituent des puits de carbone importants !
Une mangrove en bonne santé peut réduire la force des vagues de 70 % et atténuer les effets des tempêtes tropicales.

La trame verte et bleue de l’OFB et la notion de continuité écologique
La Trame Verte et Bleue c’est comme deux autoroutes de la nature interdépendantes : des chemins sûrs et pratiques pour les animaux, où ils peuvent se déplacer sans obstacles, se nourrir et se reproduire. Cet outil est utilisé comme source de décision politique en matière d’aménagement écologique du territoire.
La Trame Verte regroupe les espaces terrestres essentiels pour la faune et la flore, tels que les forêts, prairies, haies, vergers…
La Trame Bleue inclut les cours d’eau, lacs, étangs, zones humides et marines, nécessaires pour la vie aquatique et la migration de certaines espèces.
Ces deux trames peuvent illustrer la connexion entre l’eau et la forêt, et permettent à la biodiversité de circuler librement entre les différents milieux. C’est ce qu’on appelle la continuité écologique (contrairement à la fragmentation des paysages causés par l’urbanisation des villes ou dû à l’agriculture intensive).
En France, plus de 50 % des collectivités locales ont déjà intégré la Trame Verte et Bleue dans leurs documents d’urbanisme ou de gestion du territoire.